Vignaud-Saunois
2004-05-24 08:16:26 UTC
Bonjour,
les pruniers "afatous" sont des Pruniers de Briançon, Prunus brigantina
Vill., une espèce de fruitiers à noyaux, considérés comme sauvages et
poussant du Briançonnais jusqu'à Nice. L'amande servait à faire de l'huile,
dite aussi "huile de marmotte". Cette huile a des propriété interessantes
pour la cuisine, pour la cosmétique et la pharmacie.
Il y avait des moulins à huile d'afatous sur toutes les Alpes du sud; le
dernier aurait fermé à Suze (I) en 1940.
Sincères salutations.
Marie TARBOURIECH
---------------------
L'AFATOULIER OU LE PRUNIER DE BRIANCON
Marie-France TARBOURIECH
Conservatoire Botanique National
Alpin de Gap-Charance
Sous ce nom de Prunier de Briançon se cache non pas une variété de prunier
mais une espèce botanique d'arbre fruitier à noyau, intermédiaire entre le
prunier et l'abricotier, appelée scientifiquement Prunus brigantina Vill. et
décrit pour la première fois en 1785 par Dominique Villars, botaniste des
Hautes-Alpes.
ARBRE FRUITIER LE PLUS HAUT D'EUROPE
On trouve cet arbre du Briançonnais jusqu'au pays de Nice et dans le
Piémont, tout le long de la frontière franco-italienne, à une altitude
variante de 1100 et 2000 m, dans les lieux assez arides, pierreux. C'est
l'arbre fruitier poussant le plus haut en Europe. Craignant la concurrence
des autres arbres, on le trouve souvent dans les tas de pierres, éboulis...
Le Prunier de Briançon est aussi appelé Prunier des Alpes, Afatoulier ou
Marmoutier ; les fruits dénommés "afatous" ou "abrignons", sont de petite
taille (2,5 cm Æ), arrondis, à peau jaune, carminée au soleil, à chair
verdâtre, consistante et acide et arrivent à maturité en septembre-octobre.
DE L'HUILE DE MARMOTE A LA CONFITURE D'AFATOULE
L'Huile dite de Marmote utilisée dans les Alpes du Sud et en Provence n'est
pas issue de graisse de Marmotte, mais est extraite des amandes de noyaux de
Pruniers de Briançon. Déjà en 1789, D. Villars signalait l'utilisation de
l'"huile d'Abrignons" ou "huile de Marmote".
Broyées et pressées, les amandes donnent une huile jaune, douce, comestible
et très estimée soit comme huile de table, soit en médecine traditionnelle.
Deux fois plus chère que l'huile d'olive (il existe des témoignages de
transaction où un litre d'huile de marmote était échangé contre 2 l d'huile
d'olive), elle était consommée en grande quantité par les habitants du
Briançonnais et du Queyras. Sa composition proche de celle de l'huile
d'amande ou d'olive, sa faible teneur en acide gras polyinsaturés faisait de
cette huile une bonne huile de table utilisable en bain de friture.
Le dernier moulin assurant la fabrication d'huile d'abrignons, situé à Suze
(Italie) a fermé en 1923 à cause de la faiblesse des rendements (10.000
amandes/litre d'huile) et de la raréfaction de la main d'ouvre.
Les tourteaux résultants de la fabrication de l'huile renfermaient une assez
grande quantité d'acide cyanhydrique (dont on peut avoir des traces dans
l'huile) et ne pouvaient donc pas être donnés aux animaux.
En usage médicinal, l'huile d'abrignons servait à soigner contusions,
rhumatismes, arthrites et plaies anciennes difficiles à cicatriser.
Signalons que la graisse animale de marmotte était aussi utilisée en
frictions contre les douleurs rhumatismales et en injection contre les
coliques hépatiques.
Proche de l'huile d'amande douce ou d'amande d'abricot, l'huile d'abrignons
pouvait les remplacer sans problème.
C'est une huile inflammable, mais non utilisée pour l'éclairage à cause de
son coût.
Il faut attendre le XXe siècle et la large commercialisation du sucre pour
entendre parler de confiture d'abrignon ou d'afatoule réalisées avec la
pulpe des prunes. Auparavant, le sucre était un luxe, remplacé soit par le
miel, soit par une macération de baies de genièvre. La confiture d'afatoule
étant relativement acide, les prunes étaient souvent mélangées à d'autres
fruits.
Localement, il s'est fabriqué de l'eau de vie à partir des fruits.
INTERET POUR LA RECHERCHE AGRONOMIQUE
Dans les années 1960, Prunus brigantina a été étudié dans des régions du sud
de l'ex-URSS afin de rechercher des pruniers à floraison tardive.
Dans les années 1980, l'INRA, Institut National de la Recherche Agronomique
avait entrepris une étude avec l'appui des Parcs des Ecrins et du Mercantour
afin de sélectionner un porte-greffe pour les arbres fruitiers à noyaux.
UN PATRIMOINE A PRESERVER
Il est important de s'intéresser à cette espèce sauvage qui fait partie du
patrimoine local.
Bien que son exploitation ait cessé par manque de rentabilité, il faudrait
étudier les conditions de production (d'huile, de confiture...) dans le
contexte actuel, ainsi que la possibilité de mise en culture, et son
utilisation possible en reboisement (haies, endiguement de torrents...).
Enfin, c'est une espèce qui semble se raréfier, aucun jeune prunier n'ayant
été identifié, et le parasitisme important accentuant le dépérissement de
certains arbres.
C'est une espèce à suivre si on ne veut pas la voir disparaître de notre
paysage alpin.
Bibliographie :
-RIVIERE-SESTIER (1943) Remèdes populaires en Dauphiné.
-DUPOUY J. (1959) Le prunier de Briançon ou Marmottier ( Prunus brigantiaca
Vill.) et les huiles de marmotte . Bull. SAJA n°141 p.69-71
-ROUSSEAU L. (1995) Etude de la prune de Briançon. Thèse doctorat pharmacie.
Université de Grenoble.
les pruniers "afatous" sont des Pruniers de Briançon, Prunus brigantina
Vill., une espèce de fruitiers à noyaux, considérés comme sauvages et
poussant du Briançonnais jusqu'à Nice. L'amande servait à faire de l'huile,
dite aussi "huile de marmotte". Cette huile a des propriété interessantes
pour la cuisine, pour la cosmétique et la pharmacie.
Il y avait des moulins à huile d'afatous sur toutes les Alpes du sud; le
dernier aurait fermé à Suze (I) en 1940.
Sincères salutations.
Marie TARBOURIECH
---------------------
L'AFATOULIER OU LE PRUNIER DE BRIANCON
Marie-France TARBOURIECH
Conservatoire Botanique National
Alpin de Gap-Charance
Sous ce nom de Prunier de Briançon se cache non pas une variété de prunier
mais une espèce botanique d'arbre fruitier à noyau, intermédiaire entre le
prunier et l'abricotier, appelée scientifiquement Prunus brigantina Vill. et
décrit pour la première fois en 1785 par Dominique Villars, botaniste des
Hautes-Alpes.
ARBRE FRUITIER LE PLUS HAUT D'EUROPE
On trouve cet arbre du Briançonnais jusqu'au pays de Nice et dans le
Piémont, tout le long de la frontière franco-italienne, à une altitude
variante de 1100 et 2000 m, dans les lieux assez arides, pierreux. C'est
l'arbre fruitier poussant le plus haut en Europe. Craignant la concurrence
des autres arbres, on le trouve souvent dans les tas de pierres, éboulis...
Le Prunier de Briançon est aussi appelé Prunier des Alpes, Afatoulier ou
Marmoutier ; les fruits dénommés "afatous" ou "abrignons", sont de petite
taille (2,5 cm Æ), arrondis, à peau jaune, carminée au soleil, à chair
verdâtre, consistante et acide et arrivent à maturité en septembre-octobre.
DE L'HUILE DE MARMOTE A LA CONFITURE D'AFATOULE
L'Huile dite de Marmote utilisée dans les Alpes du Sud et en Provence n'est
pas issue de graisse de Marmotte, mais est extraite des amandes de noyaux de
Pruniers de Briançon. Déjà en 1789, D. Villars signalait l'utilisation de
l'"huile d'Abrignons" ou "huile de Marmote".
Broyées et pressées, les amandes donnent une huile jaune, douce, comestible
et très estimée soit comme huile de table, soit en médecine traditionnelle.
Deux fois plus chère que l'huile d'olive (il existe des témoignages de
transaction où un litre d'huile de marmote était échangé contre 2 l d'huile
d'olive), elle était consommée en grande quantité par les habitants du
Briançonnais et du Queyras. Sa composition proche de celle de l'huile
d'amande ou d'olive, sa faible teneur en acide gras polyinsaturés faisait de
cette huile une bonne huile de table utilisable en bain de friture.
Le dernier moulin assurant la fabrication d'huile d'abrignons, situé à Suze
(Italie) a fermé en 1923 à cause de la faiblesse des rendements (10.000
amandes/litre d'huile) et de la raréfaction de la main d'ouvre.
Les tourteaux résultants de la fabrication de l'huile renfermaient une assez
grande quantité d'acide cyanhydrique (dont on peut avoir des traces dans
l'huile) et ne pouvaient donc pas être donnés aux animaux.
En usage médicinal, l'huile d'abrignons servait à soigner contusions,
rhumatismes, arthrites et plaies anciennes difficiles à cicatriser.
Signalons que la graisse animale de marmotte était aussi utilisée en
frictions contre les douleurs rhumatismales et en injection contre les
coliques hépatiques.
Proche de l'huile d'amande douce ou d'amande d'abricot, l'huile d'abrignons
pouvait les remplacer sans problème.
C'est une huile inflammable, mais non utilisée pour l'éclairage à cause de
son coût.
Il faut attendre le XXe siècle et la large commercialisation du sucre pour
entendre parler de confiture d'abrignon ou d'afatoule réalisées avec la
pulpe des prunes. Auparavant, le sucre était un luxe, remplacé soit par le
miel, soit par une macération de baies de genièvre. La confiture d'afatoule
étant relativement acide, les prunes étaient souvent mélangées à d'autres
fruits.
Localement, il s'est fabriqué de l'eau de vie à partir des fruits.
INTERET POUR LA RECHERCHE AGRONOMIQUE
Dans les années 1960, Prunus brigantina a été étudié dans des régions du sud
de l'ex-URSS afin de rechercher des pruniers à floraison tardive.
Dans les années 1980, l'INRA, Institut National de la Recherche Agronomique
avait entrepris une étude avec l'appui des Parcs des Ecrins et du Mercantour
afin de sélectionner un porte-greffe pour les arbres fruitiers à noyaux.
UN PATRIMOINE A PRESERVER
Il est important de s'intéresser à cette espèce sauvage qui fait partie du
patrimoine local.
Bien que son exploitation ait cessé par manque de rentabilité, il faudrait
étudier les conditions de production (d'huile, de confiture...) dans le
contexte actuel, ainsi que la possibilité de mise en culture, et son
utilisation possible en reboisement (haies, endiguement de torrents...).
Enfin, c'est une espèce qui semble se raréfier, aucun jeune prunier n'ayant
été identifié, et le parasitisme important accentuant le dépérissement de
certains arbres.
C'est une espèce à suivre si on ne veut pas la voir disparaître de notre
paysage alpin.
Bibliographie :
-RIVIERE-SESTIER (1943) Remèdes populaires en Dauphiné.
-DUPOUY J. (1959) Le prunier de Briançon ou Marmottier ( Prunus brigantiaca
Vill.) et les huiles de marmotte . Bull. SAJA n°141 p.69-71
-ROUSSEAU L. (1995) Etude de la prune de Briançon. Thèse doctorat pharmacie.
Université de Grenoble.